mercredi 27 février 2013

Maison de pain d'épices

Ouais.
Bon.
J'aurais pas été très inspirée en Février...

Mais qu'a cela ne tienne, ne changeons pas les bonnes habitudes pour autant :
Thé Vanille et Cigarette et Pleasurkraft.


Alors par où commencer ? Oui par ce qu'une fois n'est pas coutume j'ai pleiiiin de trucs à dire.
Je ne reviendrais pas sur La coureuse de Maia Mazaurette (que j'ai finis il y a un moment déjà.) si ce n'est pour confirmer le fait que j'ai vraiment apprécié cette lecture.

On emporte pas les lieux avec nous - je crois que c'est l'inverse, qu'on laisse des morceaux de soi à chaque endroit qui nous remue. A trente-trois ans [...] je suis éparpillée jusqu’à l'inconciliable. Un morceau à Rome, un lambeau à Kiev, une ruine à Montréal, un fragment en haut du Jotunheimen [...]

Et du coup, j'ai enchainé avec un truc mais alors carrément différent : Le dernier Fabrice Colin. Bah oui. Ça aurait sonné bizarrement mal si j'étais passée à côté. 
Je me suis donc plongée dans 49 jours , que j'ai du lire en 49 heures grand max.
Que puis-je en dire donc ?  Il y a un genre de régularité dans mes appréciations des livres de Fabrice Colin. Je suis toujours époustouflée par le style. Par la beauté de certaines phrases, par le rythme de lecture si fluide, si évident, par la poésie des images.  Oui non, clairement, j'aime cet auteur en grande partie pour ses talents stylistiques !
Bon évidement. Il y a aussi de grands défauts, que je vais avoir du mal à développer sans spoiler toute l'histoire. Disons que ça va vite. D'une part. Les éléments s'enchainent de telle sorte qu'on a pas vraiment le temps de s'attarder sur les différentes étapes traversées par Floryan. Du coup, pas de chance, les émotions n'ont pas le temps de s'installer et ça brise un peu les effets de surprise. D'autant plus que Colin utilise des paralepses pas très subtiles (par définition sans doute) qui orientent beaucoup la manière dont on va percevoir la suite des événements. Ce procédé ne nous laisse pas le délice de la chute, du suspens, de l'angoisse ou des doutes qui s'installent. Non. les doutes nous sont donnés prémâchés. Ce qui est un peu dommage je crois.
D'autre part le récit est très divisé. Par lieux et par moments. On voit sans peine le squelette de l'histoire. J'aurais apprécié un peu plus d'homogénéité, des retours en arrière, des temps plus courts, des interruptions. Avec toutes ces réalités à tiroirs, ça aurait pu être un truc dément. Là non. 
Dernier point qui m'a fait tiquer (et là je le dis : ATTENTION SPOILEUR DE L’EXTRÊME) : il y a des incohérences. Certes vu la complexité de l'univers, c'était un risque mais tout de même, je n'ai pu m’empêcher d'être déçue. Par exemple : A un moment, le voyage dans le futur est bloqué. Un événement se fige en pleine action. Bon très bien, j'ai trouvé le concept super. Problème : quelques temps plus tard, Floryan se replonge dans le futur et obtient la suite des événements. Le futur est toujours "bouché" mais plus loin. Heu ... Comment dire ? Non. Ou alors c'est admettre que la temporalité de Floryan est synchronisée à celle de Rain. Qu'en avançant dans sa ligne temporelle, Floryan avance dans la ligne temporelle du Monde réel. Et même si on admet ça il manque quand même de grosses explications : Où s’arrête le futur pour les personnes mortes avant lui par exemple ?
Voila, c'était juste un échantillon des choses qui m'ont vraiment parasité et je ne développerai pas ce point davantage. (FIN DU SPOILEUR DE L’EXTRÊME)
Ceci étant dit... On est quand même face a un univers incroyablement riche qui explique les erreurs sus-nommées. Les idées sont GÉNIALES. Les personnages en demi-teinte, très appréciables et la réflexion sur le monde, sur la mort, sur le temps, sur la guerre est pointue, délicate et presque.. ma foi... je dirais "réaliste".
L'intrigue est difficile à lâcher et les différentes ambiances sont tout de même parfaitement maitrisées.
La fin est un peu abrupte. Mais puisque qu'il s'agit d'un premier tome, le reproche est très minime. J'attends de voir comment la suite sera exploitée et j’espère que rien ne sera laissé en plan.
Petit point Bonus : J'adore l'illustration de couverture. 
Petit point Bonus 2 : Je veux un Altar pour mon anniversaire. 

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Amis des Bulles Bonsoir. C'est à retardement que je découvre la série de comics Fables de Bill Willingham. 
Le concept est mortel, même si ça sonne un peu moins original à l'heure actuelle que ça ne devait l'être en 2002. Concrètement, l'auteur reprend des personnages de Contes pour leur créer une réalité commune et, non content de cela, les fait évoluer parmi nos contemporains ( "Les communs". Des moldus en résumé.)
En vrac on trouve la Belle et la Bête, Blanche Neige, Le grand méchant loup (mon personnage préféré ça va de soi), Boucle d'or, Barbe Bleue etc...
Le tout sur fond d’enquête, d'intrigue, de révolution... A vrai dire je n'ai lu que les deux premiers tomes pour le moment, mais j’apprécie les multiples références et la manière dont elles sont exploitées, pour donner lieu à quelque chose de complétement nouveau. 
De toute façon j'adore les remix de contes et les anachronismes dans la féerie. 

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Au niveau ciné, je suis plus dans le re-visionnage qu'autre chose. Cependant, hier soir je me suis laissée aller à regarder Blanche-Neige (non, par la daube avec Kristen Stewart mais la version de  Tarsem Singh). Le mot adéquat c'est "sympathique". Oui, oui, le coté un peu condescendent est servit avec.  Les décors sont très chouettes, l'histoire est remaniée pour lui donner un peu de souffle ce qui est ... Ben sympathique hein, je trouve pas mieux ! Y'a deux-trois touches d'humour et de "décalage",  pas de quoi se taper les mains sur les cuisses mais ça peut faire sourire.
Le truc vraiment bien, qui évite à ce film d'être classé dans les "Adaptation-de-conte-en-romance-pour-meuf-fadasse", c'est Julia Roberts et le personnage qu'elle interprète. On sent bien qu'elle a un meilleur bagage d'actrice derrière elle. Le personnage de la méchante Belle-Mère n'a pas l'air complétement cheaté (comme les autres ..) malgré les facilités prises, juste par ce que l'interpretation est sympa (on retombe dessus, décidément). Bref ça se regarde quand on a pas envie de réfléchir. Et a mon avis ça ne se grave pas dans la mémoire. Loin de là. Mais pour un moment présent un peu easy, c'est le bon truc.

Bon voila pour les News. Je pourrais aussi vous parler de Octopus, le Best-Of de Philippe Decouflé que j'ai vu la semaine dernière au théâtre mais il n'y aurait pas grand chose à en dire. C'était pas mal. Beaucoup trop morcelé pour nous faire décoller comme c'est d'habitude le cas avec ses chorégraphies.  Je me disais aussi qu'un Best-Of de danse... C'était un concept étrange. Pari pas parfaitement gagné donc, mais un joli moment quand même, qui m'a rappelé le plaisir de ses spectacles antérieurs. 

Je vous laisse sur cette angoissante question posée par Miss Tic : 

Le Masculin l'emporte. Mais pour l'emmener où ? 


Bien à vous, Scrat


lundi 18 février 2013

Pont de bois

Lecture en cours : La coureuse - Maïa Mazaurette

Donc oui, sans plus de détour, je lis La coureuse. Plusieurs raisons à ça. Primo, contrairement aux romans de Fantaisy que je meurs d'envie de lire, ça ne demande pas un gros investissement. Je peux faire une pause entre deux paragraphes ou ne pas mettre le nez dedans pendant trois jours, je ne perd rien. Par ce que le fil conducteur de l'histoire est parfaitement banal. Mais.. Secundo, le style est bon. Cette nana a l'art de tourner ses phrases comme j'aime, entre trop soutenues et très vulgaires. C'est un portrait de désillusion, une analyse décortiquant le cœur humain, bref de l'étalage d'émotion, bien comme j'aime : avec trop de prises de tête pour que ça ne sente pas la vérité à des kilomètres.
Tertio, les idées. Je ne suis pas d'accord avec tout d'ailleurs, il y a certains passages dans lesquels je ne me reconnais pas. Par ce que la chasseuse, la femme libérée, lucide et forte, ça c'est clair que je ne peux pas m'y identifier.
Mais par contre j'aime beaucoup, certaines remarques sur le fossé entre les hommes et les femmes.  Il y a des paragraphes entiers qui posent des mots sur cette espèce d'injustice qui continue à m'épuiser au quotidien. Et même si je ne suis pas la meuf soignée par excellence, je me sens concernée par ce que les mecs voudraient que je me sente concernée. Par l'épilation, le maquillage, la séduction. Je vois bien que c'est censé être normal. Que quand je dis que non, non je ne m'épile pas par ce que ça m'emmerde et que je ne vois pas pourquoi je le ferais, neuf fois sur dix j'ai le droit a un regard - voir à une remarque - en mode "Ah bah oui, mais si tu veux plaire, il faut faire des compromis hein...". Je veux plaire oui. Justement.  Je veux que des gens craquent pour moi. Pas pour mon déguisement.

[...] Quand les mecs disent qu'on a la vie facile, je voudrais les saigner [...] Je porte une ceinture qui serre ma taille et bombe mes fesses. A deux crans du confort. Je porte un push-up qui me scie les épaules, des chaussures glissantes, un foulard. Je porte les premiers pas que les mecs ne feront jamais.

Ça par exemple, je trouve ça vrai et je trouve ça hallucinant. Il y a une espèce de vérité générale à la con qui veut que les femmes peuvent choper n'importe qui. C'est faux. On est comme tout le monde on peut choper les personnes qui veulent nous baiser et les trois quart du temps pas les personnes qu'on veut baiser. Et encore, même pour ça, il faut répondre à des standard physiques et des standards comportementaux.

Dans ma réalité, ça ne se passe pas comme ça. Les mecs sympas qui passent dans ma rue, ils peuvent crever. Cet endoctrinement ne m’énerve même plus, j'y oppose la même résistance silencieuse que toutes les femmes :  non je ne coucherai pas, non merci je ne veux pas ton numéro de téléphone. Remarquez comme on est polies, on dit "non, merci",  on ne dit pas "non, ta gueule".

Bref je ne m'aventurerai pas plus loin, mais pour faire court ce livre me plait, j'aime ce qu'il déterre et ce qu'il met en lumière. Maïa Mazaurette vire le maquillage des relations, de certaines relations en tout cas et ce ton désespéré, désillusionné a quelque chose de rafraichissant. Vraiment.

 

A part ça j'ai passé pas mal de temps à regarder des trucs. Par ce que j'avais la flemme de faire autre chose. Il y a eu le film Charlie Bartlett (Jon Poll) qui ne défonce pas vraiment, mais qui n'est pas trop mauvais non plus. Ça se regarde tranquillement. Pour les points positifs : les petites touches décalées, la présence de Robert Downey Junior et du Cat Stevens dans la BO. 

Sinon, grâce a F. je me suis mise à regarder la série New Girl. C'est sans doute pas la série du siècle mais c'est étonnement addictif. Je me suis envoyé les deux saisons, en une semaine, une semaine et demie.
Concrètement, c'est un scénario pas bien méchant de nana à coté de la plaque qui emménage avec trois mecs, à la ramasse aussi, chacun à leur manière.  Des gens de notre époque quoi... Petites aventures après petites aventures, c'est plutôt marrant, y'a des épisodes mieux que d'autres. Cependant j’apprécie beaucoup l'absence de rires pré-enregistrés. Et aussi.. Ah comment dire ça... le côté soft des romances. Même si c'est courut d'avance, la série prend son temps, ne cède pas à la première facilité venue. Ca crée une attente plutot sympa. Et même desfois des surprises. 
Et puis Zooey Deschanel est vraiment craquante. Accessoirement.


Dans les événements notables du mois, j'ai été au théâtre pour voir Cyrano de Bergerac.
La mise en scène (signée Dominique Pitoiset) est très moderne. Il y a presque un coté malsain à ce décors d’hôpital, comme si tous les acteurs n'étaient que les fous d'un asile. Mais très rapidement, en fait, le décors devient presque invisible.
D'abord, grâce aux textex de Edmond Rostant -bien, sur-, puisqu'il n'y a pas une virgule à changer et que cette pièce est juste... Extraordinaire (lors de la première, les gens ont applaudit pendant vingt minutes sans interruption. On comprend aisément pourquoi). Mais aussi ...
Bon, reprenons. C'est la deuxième fois que je vois Philippe Torreton sur scène. 
La première fois c'était pour Richard III et j'étais restée completement bluffée, sans souffle. Je confirme aujourd'hui mon avis sur cet acteur : Il est époustouflant. Il porte la pièce sur ses épaules avec ce qui ressemble à une aisance surhumaine. Il donne relief à ce personnage, le faisant ressortir rien que par son interpretation. Imaginez donc... La prestance du personnage de Cyrano combinée à la prestance de Torreton... 

C'était explosif. J'ai adoré.

Moi, c’est moralement que j’ai mes élégances.
Je ne m’attife pas ainsi qu’un freluquet,
Mais je suis plus soigné si je suis moins coquet;
Je ne sortirais pas avec, par négligence,
Un affront pas très bien lavé, la conscience
Jaune encore de sommeil dans le coin de son œil,
Un honneur chiffonné, des scrupules en deuil.
Mais je marche sans rien sur moi qui ne reluise,
Empanaché d’indépendance et de franchise;
Ce n’est pas une taille avantageuse, c’est
Mon âme que je cambre ainsi qu’en un corset,
Et tout couvert d’exploits qu’en rubans je m’attache,
Retroussant mon esprit ainsi qu’une moustache,
Je fais, en traversant les groupes et les ronds,
Sonner les vérités comme des éperons

Bien à vous, Scrat