vendredi 11 avril 2014

Stand de Tir

Lecture en cours : Le dernier chant d'Orphée - Robert Silveberg

Café et soleil. Ouais =)

Hier soir, après avoir testé « la crêpe-pas-bretonne-à-8-euros » j'ai été au cinéma pour voir le film Divergente (de Neil Burger. Oui, Neil Burger...).

C'était formidable ! Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant marrer au cinéma. Déjà en voyant le nom du réalisateur j'étais écroulée. Ça partait mal. Des la première image, on sait comment ça va finir, j'ai jamais vu un foirage pareil !

Alors voilà, suite a ce palpitant visionnage je vais pouvoir vous faire une bonne recette de soupe ;
Prenez un peu de Hunger Game et diluez avec beaucoup de liquide insipide. Ajoutez 2000 kilos de guimauve, prenez une ou deux idées à peu près originale et reduisez les en miette pour les repartir sur des dialogue prémachés pioché dans le film … actually all of them. Faites un gros clin d'oeil à Inception, ajoutez quelques litres de valeurs américaines lourdingues, piqué quelques idées à l'armée, une ou deux scènes de baston. Surtout ne laissez pas trop les personnage prendre de l'ampleur, ils doivent restez bien plats. Enfournez sur un plateau d'effet spéciaux et.. TA DAAM !

Non sans déconner, c'était scandaleusement nul. Un scénario cheaté, une romance de merde, une héroïne ridiculement stéréotypée qui devient une winneuse (mais pas trop vite quand même, pour faire crédible). Ce film ne nous épargne AUCUN cliché. C'est extraordinaire. Sans déconner, j'étais presque mal à l'aise tellement des fois, c'était la honte ! Sans blague, vous pourrez trouver dans ce film ce genre de dialogue (extraits!)

- Il avait fait son choix. Il n'était pas un audacieux.
- Alors moi non plus.
- Pourquoi tu dis ça ?
- … larmes aux yeux scintillantes Je crois que tu sais très bien pourquoi. Et quand ils l'apprendront aussi, ils me tueront.
- … Je ne les laisserais jamais faire ça !

Oouh ! Cette punshline ! Je n'ai pas changé une virgule et ce n'est qu'un exemple, tous les dialogues sont foutu sur ce même modèle éculé. Sans oublier la triplette gagnante du « travail-famille-patrie ». On évite pas (évidement) les gros méchants très méchants sans autre explication qu'ils sont .. bah heu.. méchants. (Kate Winsley, qu'est-ce que tu fous dans cette énorme bouse?). 
Nan et puis l'antre des audacieux... La caricature de la jeunesse-borderline tout en cuir et en nerf. L'enfer. 

C'est dommage il y avait quelques idées sympas, malheureusement foutues au second plan.
On assiste à deux trois moment tellement WTF que s'en est risible. Genre  Peter, un méchant compatriote de Tris (Ah oui. l'héroïne s'appelle Tris aufait) qui est très très vilain pendant tout le film et qui opère une reconversion spectaculaire du côté des gentils après que Tris lui ai tiré dans le bras. Convainquant en effet. 
Ou alors Tris qui va faire un tour dans une faction qui n'est pas la sienne, elle se fait attrapé par deux Erudit, leur fous des beignes.... Et la, la grand patronne des erudits intervient... Et lui demande comment elle va (y'a deux bonhomme de sa faction qui gisent au sol mais raf ..). C'est mauvais mais c'est mauvais... 
Je ne vous parlerai même pas de la romance phare mais sachez que rien de ce que vous imaginez ne pourra être aussi crétin que les partis-pris de cette histoire d'amour bidon.
On va d'absurdités en scènes attendues, c'est fou le suspens que ça donne : tu espères jusqu'au dernier moment qu'ils ne vont pas oser (et sans vouloir tout vous spoiler, neuf fois sur dix : ils osent). J'attends avec impatience la suite. Et ou je suis sure qu'il y en aura une, car elle a été subtilement annoncée dans le dialogue de fin « peut-être que bientôt nous devront nous battre nouveau ».

Hell Yeah ! Rock'n Roll !!

Bref c'était excellent : j'ai trop ri. Mais bon à la réflexion, le film n'était sans doute pas fait pour. Dommage c'eut été un pari vachement réussit. 

 Un peu de Sexy Sushi, en mode déclaration d'amour par ce que ça fait vachement de bien !

J'aimerai te prendre par la main, m'enfuir avec toi au soleil
sans avoir peur du lendemain. te regarder devenir vieille.

En parlant  histoire d'amour j'ai aussi regarder le film Waiting for ever de James Keach. Bon ça casse pas trois pattes à un canard mais c'est sympa. En fait c'est même presque un bon film. "Presque" par ce que y'a plein de passages qui se trainent et que d'autres sont bâclés. C'est con, y'avait de bons ingredients pour mettre une touche de thriller. Le personnage de Will est intéressant, à l'ouest mais pas à l'ouest de manière cliché. D'une gentillesse et d'une innocence enfantine, j'ai trouvé que ce héros était franchement bien foutu. Bref c'est une petite comédie romantique mignonne qui aurait pu être mieux mais qui fonctionne comme elle est.

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Après Rien ne nous survivra j'ai eu du mal à me remettre à lire, à écrire, et d'une manière plus générale, à vivre. Quand je marchais dans la rue, mes yeux devenaient des radars butant les plus de 25 ans, habillant les autres de vêtements en ruine bardés d'armes à feu. C'était assez moyen.
Je commence à m'en remettre  mais c'est pas encore tout à fait ça. Du coup, en quête d'un peu de légèreté, j'ai lu Marshmalone, une petite BD toute mignonne signée par Lolita Séchan et qui parle de l'arrivée de son petit frère, alors qu'elle était déjà adulte.  C'était assez cute et drôle. Quelques belles réflexions.  Ça se lit en dix minutes chrono et ça détend. J'ai trouvé ça chouette (et marrant aussi, d'avoir la voix de Lolita après m'être fait injecter celle de Renaud en intraveineuse durant toute mon enfance). 

Bref rien de très neuf, je cherche du taff pour cet été et je commence a fuir les résaux sociaux pour ne pas me faire spoiler Games of Throne.  Ouais je vis dangereusement. ^^

Bien à vous, Scrat

PS : Ah si ! J'ai finis How I met your mother et je ne fais pas partie de la masse de spectateurs qui hurlent au scandale. Ok, j'ai un peu l'impression qu'il y a du foutage de gueule (Faire trainer 2 jours de mariage sur toute la saison et bâcler 20 ans de la vie de Ted dans le double épisode final.. bon... Visiblement c'était pas les idées qui manquaient, je ne pige pas le choix des scénaristes) mais pour le twist final, je n'ai rien à redire. C'est plutôt pas mal de laisser entendre que la mère de nos enfants n'est pas forcément la femme de notre vie. Moi j'ai trouvé que ça changeait un peu.  Sur ce ... ;)

jeudi 3 avril 2014

Ruines

Je ne me doutais de rien. Évidement. On ne peut pas se douter quand on achète un livre.
On peut espérer au mieux, et encore, on ne peut pas vraiment espérer ressentir ça, on se dit " ça a l'air vachement bien" et d'ailleurs, heureusement, souvent ça l'est. Mais ça... cette émotion là... C'est tellement rare, on ne peut jamais s'y préparer.
Si j'avais su, en croisant Maïa Mazaurette au Salon du livre, que son bouquin allait être de ceux là, je n'aurais jamais osé l'aborder, lui parler, avoir une conversation anodine avec elle. 

... Bon, il serait peut-ètre temps que je sorte des figure de style et des paralepses. 

Rien ne nous survivra est un roman de SF qui date de 2009. Peut-être aurait-il été moins dur à supporter à l'époque ? Où alors ça aurait été encore pire ?
Dans un futur qui est peut-ètre le présent, les jeunes se sont soulevés et ont décidé de rompre avec des traditions centenaires : ils sont entré en guerre contre les vieux, contre les plus de vingt-cinq ans.
Ça semble simple dit comme ça mais ça ne l'est pas. Au début la radicalité m'a tenu a distance du livre. Science-fction oui.  Mais peu a peu cette guerre devient une évidence. Ce présupposé dérangeant ne met plus mal à l'aise, on le comprend presque.
En fait, je suis rentré dans ce livre comme on rentre dans un mur. A un moment -je ne sais pas lequel- j'ai passé une frontière et je me suis laissé immergée brusquement. Le roman à rempli mes poumons comme l'eau s'empare d'un noyé. 

Je me suis souvent interrompue dans ma lecture par manque de courage, par ce que, une fois sortie de l'univers, ça demandait une putain de force d'oser reprendre la lecture. Et pourtant mon esprit n'a cesser d'être occupé que de ça pendant toute la semaine. J'ai peu dormi, ne sombrant que quand vraiment, l'angoisse m'avait tellement tordue que mon corps lâchait. J'ai le sentiment d’être un trombone : je ne retrouverai plus jamais ma forme normale. 

On peut juger de la bonté d'un livre à la vigueur des coups de poing qu'il vous
 a donnés et à la longueur de temps qu'on met ensuite à en revenir

Quelle perle que ce bouquin ! Il y a tellement à en dire, je suis complétement démunie. D'abord à cause de la virtuosité du texte. Deux protagonistes, deux voix, deux snipers de génie. Silence et l'Immortel. Et Maïa Mazaurette réussit à garder le mystère qui entoure Silence durant trois cent soixante douze pages. On ne sait s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. A aucun moment on ne peut le savoir. C'est un détail mais ça illustre bien le caractère totalement exceptionnel de ce bouquin. 
Cette histoire est un bras de fer, un huit-clos dans Paris assiégé. Ça soulève tellement de problématiques, de tabous. On se fond dans l'histoire. On tue des vieux, on chasse avec l'Immortel, on s’endort avec le L96 accroché dans le dos. Je n'ai jamais eu envie d'avoir une arme avant ce livre. La violence devient objet d'art.
Il est dur ce roman, tellement dur et brutal. Et pas seulement à cause de la mort omniprésente, comme un loisir, un idéal, une banalité. Non, ce sont les personnages qui nous renversent. J'en ai eu le tournis pendant plusieurs heures. Je continuerai toujours, toujours à lire pour cette raison : pour le privilège d'aimer un livre jusqu'à l'étourdissement. 

Les tentes gris et vert, volées a des sociétés d'évènementiel, s'étendent à perte de vue. On dirait un mariage où tout le monde meurt.

Ce que c'est beau bordel !   J'ai eu peur tout du long. J'ai eu peur que ce roman ne soit pas une histoire d'amour. Et je ne peux pas imaginé une fin qui ne m'aurait pas laissé en ruine, frustrée. Rien n'aurait pu panser les plaies dans mon cerveau. Aucune fin n'aurait pu ne pas me décevoir. Par ce que c'était grandiose. Maïa, vous aussi, vous me devez une histoire d'amour. 
Et pour ces quelques moments de grâce, qui m'ont fait tellement de bien que ça faisait presque mal, je vous admirerais toujours.  Ça donne envie de pleurer quand on trouve trois mots de tendresse au milieu de toute cette horreur sanglante. Jamais la douceur n'a semblé si précieuse.

J'en oublierai presque d'avoir mal



Mon pote M. m'avait dit une fois : C'est peut-ètre ça l'amour finalement : Ne pas détester
Merci d'avoir écrit le roman de cette phrase. Merci de m'avoir fait reflechir. Il me faudra du temps pour ne plus être horrifiée et angoissée. Du temps aussi pour pouvoir imaginer écrire encore après ça. Pour effacer la dernière révélation de Silence.  Pour ne plus avoir peur en calculant que l'heure de mes vingt-cinq ans n'est pas si loin. Pour me rappeler que l'avenir est possible et oublier que le croire est de la lâcheté. Il me faudra du temps pour ne pas espérer une autre fin, pour ne plus sursauter face a des images de CRSS tabassant de jeunes manifestants, pour ne pas me coucher le cœur serré, pour me laisser émouvoir par un autre portait de societé. Pour tomber amoureuse de d'autres personnages. 

Silence, l'Immortel, vous aviez tort de vouloir détruire la littérature. J'aurais été une véritable hérétique à vos yeux. Mais d'une manière ou d'une autre je m'arrangerai toujours pour être du côté des livres.  
Surtout de ces raretés qui vous font oublier qui vous êtes et qui remettent tout en question. 
Surtout votre cœur.

Bien à vous, Scrat