Je ne me doutais de rien. Évidement. On ne peut pas se douter quand on achète un livre.
On peut espérer au mieux, et encore, on ne peut pas vraiment espérer ressentir ça, on se dit " ça a l'air vachement bien" et d'ailleurs, heureusement, souvent ça l'est. Mais ça... cette émotion là... C'est tellement rare, on ne peut jamais s'y préparer.
Si j'avais su, en croisant Maïa Mazaurette au Salon du livre, que son bouquin allait être de ceux là, je n'aurais jamais osé l'aborder, lui parler, avoir une conversation anodine avec elle.
... Bon, il serait peut-ètre temps que je sorte des figure de style et des paralepses.
Rien ne nous survivra est un roman de SF qui date de 2009. Peut-être aurait-il été moins dur à supporter à l'époque ? Où alors ça aurait été encore pire ?
Dans un futur qui est peut-ètre le présent, les jeunes se sont soulevés et ont décidé de rompre avec des traditions centenaires : ils sont entré en guerre contre les vieux, contre les plus de vingt-cinq ans.
Ça semble simple dit comme ça mais ça ne l'est pas. Au début la radicalité m'a tenu a distance du livre. Science-fction oui. Mais peu a peu cette guerre devient une évidence. Ce présupposé dérangeant ne met plus mal à l'aise, on le comprend presque.
En fait, je suis rentré dans ce livre comme on rentre dans un mur. A un moment -je ne sais pas lequel- j'ai passé une frontière et je me suis laissé immergée brusquement. Le roman à rempli mes poumons comme l'eau s'empare d'un noyé.
Je me suis souvent interrompue dans ma lecture par manque de courage, par ce que, une fois sortie de l'univers, ça demandait une putain de force d'oser reprendre la lecture. Et pourtant mon esprit n'a cesser d'être occupé que de ça pendant toute la semaine. J'ai peu dormi, ne sombrant que quand vraiment, l'angoisse m'avait tellement tordue que mon corps lâchait. J'ai le sentiment d’être un trombone : je ne retrouverai plus jamais ma forme normale.
On peut juger de la bonté d'un livre à la vigueur des coups
de poing qu'il vous
a donnés et à la longueur de temps qu'on met ensuite à en revenir
a donnés et à la longueur de temps qu'on met ensuite à en revenir
Quelle perle que ce bouquin ! Il y a tellement à en dire, je suis complétement démunie. D'abord à cause de la virtuosité du texte. Deux protagonistes, deux voix, deux snipers de génie. Silence et l'Immortel. Et Maïa Mazaurette réussit à garder le mystère qui entoure Silence durant trois cent soixante douze pages. On ne sait s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. A aucun moment on ne peut le savoir. C'est un détail mais ça illustre bien le caractère totalement exceptionnel de ce bouquin.
Cette histoire est un bras de fer, un huit-clos dans Paris assiégé. Ça soulève tellement de problématiques, de tabous. On se fond dans l'histoire. On tue des vieux, on chasse avec l'Immortel, on s’endort avec le L96 accroché dans le dos. Je n'ai jamais eu envie d'avoir une arme avant ce livre. La violence devient objet d'art.
Il est dur ce roman, tellement dur et brutal. Et pas seulement à cause de la mort omniprésente, comme un loisir, un idéal, une banalité. Non, ce sont les personnages qui nous renversent. J'en ai eu le tournis pendant plusieurs heures. Je continuerai toujours, toujours à lire pour cette raison : pour le privilège d'aimer un livre jusqu'à l'étourdissement.
Les
tentes gris et vert, volées a des sociétés d'évènementiel, s'étendent à
perte de vue. On dirait un mariage où tout le monde meurt.
Ce que c'est beau bordel ! J'ai eu peur tout du long. J'ai eu peur que ce roman ne soit pas une histoire d'amour. Et je ne peux pas imaginé une fin qui ne m'aurait pas laissé en ruine, frustrée. Rien n'aurait pu panser les plaies dans mon cerveau. Aucune fin n'aurait pu ne pas me décevoir. Par ce que c'était grandiose. Maïa, vous aussi, vous me devez une histoire d'amour.
Et pour ces quelques moments de grâce, qui m'ont fait tellement de bien que ça faisait presque mal, je vous admirerais toujours. Ça donne envie de pleurer quand on trouve trois mots de tendresse au milieu de toute cette horreur sanglante. Jamais la douceur n'a semblé si précieuse.
J'en oublierai presque d'avoir mal
Mon pote M. m'avait dit une fois : C'est peut-ètre ça l'amour finalement : Ne pas détester.
Merci d'avoir écrit le roman de cette phrase. Merci de m'avoir fait reflechir. Il me faudra du temps pour ne plus être horrifiée et angoissée. Du temps aussi pour pouvoir imaginer écrire encore après ça. Pour effacer la dernière révélation de Silence. Pour ne plus avoir peur en calculant que l'heure de mes vingt-cinq ans n'est pas si loin. Pour me rappeler que l'avenir est possible et oublier que le croire est de la lâcheté. Il me faudra du temps pour ne pas espérer une autre fin, pour ne plus sursauter face a des images de CRSS tabassant de jeunes manifestants, pour ne pas me coucher le cœur serré, pour me laisser émouvoir par un autre portait de societé. Pour tomber amoureuse de d'autres personnages.
Silence, l'Immortel, vous aviez tort de vouloir détruire la littérature. J'aurais été une véritable hérétique à vos yeux. Mais d'une manière ou d'une autre je m'arrangerai toujours pour être du côté des livres.
Surtout de ces raretés qui vous font oublier qui vous êtes et qui remettent tout en question.
Surtout votre cœur.
Bien à vous, Scrat
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire